Saintexpress 2015 : finir l’année sur une bonne note!

La Saintexpress, c’était l’un de mes 3 défis de l’année avec le marathon de Paris. Inscrit depuis le mois d’avril, je n’avais pas envisagé arriver dans un tel état de fatigue à cause de la répétition de nuits trop courtes (les joies de la néo-paternité que d’autres devraient expérimenter dans peu de temps). Les dernières semaines m’ont démontrée que la fatigue jouait un rôle important sur les résultats car depuis le test de VMA du Cru, j’ai vu mes résultats vraiment diminuer sur le trail de La Roche Vineuse, et pire, sur le LUT By Night où j’ai vraiment eu du mal à finir avec des crampes me faisant penser à abandonner pour la première fois. D’ailleurs, j’envisageais même de ne pas me présenter à la Saintexpress mais les 10 jours précédents la course, le sommeil étant un tout petit peu mieux, j’ai décidé de tenter l’épreuve. Je passe les détails de la préparation, bien tronquée, du covoiturage et du jour J pour me concentrer sur le récit de l’épreuve seulement.

La ligne d'arrivée... pas sûr de pouvoir la franchir plus tard!

La ligne d’arrivée… pas sûr de pouvoir la franchir plus tard!

Le départ de la Saintexpress : en route pour une grande aventure

Avec les 4 autres « chouettes » du CRU au départ de la Saintexpress, nous nous retrouvons au départ à Sainte Catherine environ à la 2000ème place sur les 3000 partants. Il fait froid, il  y a du monde, beaucoup de monde, sur la petite route du départ et il faudra d’ailleurs 2 bonnes minutes après le départ pour s’élancer à notre tour. Assez vite, je vais perdre de vue mes 4 compagnons qui filent devant et j’aperçois déjà les premières frontales dans la montée : c’est vraiment sympa à regarder mais il faut continuer d’avancer, ce n’est que le début. On traverse le village et la première montée est déjà là aussi pour nous. C’est l’embouteillage, il n’y a pas d’autres mots, et on commence déjà à marcher dès le début de la montée, jusqu’en haut 1 bon kilomètre plus loin, avec parfois des arrêts tellement la masse de coureurs est dense. Cela va durer pas loin des 10 premiers kilomètres où chaque montée va se retrouver un peu bloquée, et même sur une descente un peu difficile, c’est surprenant! En fait tout cela m’arrange bien car je suis parti doucement volontairement pour essayer de tenir jusqu’au bout des 44 kilomètres : je me suis fixé un rythme à 150-155 pulsations cardiaques par minute et je marche dans les montées dès que j’atteints les 170 pulsations.

Le parcours est agréable, éprouvant sur les premiers 12 kilomètres (1/3 du dénivelé) mais le spectacle des frontales qui s’étendent sur plusieurs kilomètres devant et derrière est vraiment sympa. En fait j’en fais mon jeu, à chaque nouvelle montée, je cherche du regard la suite du parcours qui scintille avec les frontales. Les chevilles étaient bien crispées au début mais finalement les sensations commencent à être bonnes au fil des kilomètres. Cela se voit par rapport aux autres runners que je commence à doubler à la pelle : plusieurs dizaines à chaque montée, plusieurs groupes sur le plat, je sens que je suis plus vite et je me sens bien. J’aimerais même accélérer mais je me cale vraiment sur ma fréquence cardiaque pour ne pas refaire la même erreur qu’au marathon de Paris. Le temps va vite passer puisque je vais regarder ma montre pour la 1ère fois après 1h15 de course, jusque-là j’étais occupé par la course et le paysage !

La foule se dissipe, le plat et les descentes se succèdent et le tempo se calme un peu. Le temps pour moi de penser un peu à ce qui m’arrive, réaliser que nous sommes en pleine nuit, qu’il est 0h30 et qu’il me reste une trentaine de kilomètres à faire. Le temps aussi de penser à la famille mais bizarrement surtout à ceux qui ne sont plus là, j’ai l’impression de courir avec eux et c’est un peu étrange, c’est peut-être la nuit qui fait ça. Le premier ravito arrive mais ne voyant pas d’aliments, je décide de le sauter car j’ai à peine entamé mes 2 flasques de 500ml. Je fais par contre très attention à l’alimentation puisqu’une vraie sensation de faim m’avait envahie lors des trails de la Roche Vineuse et Lyon. Une gorgée d’eau tous les 5km et j’alterne entre pâte de fruits et gels tous les 7-8 kilomètres environ. Je m’aperçois que je place ces ravitaillements sur des moments clés du parcours me permettant ainsi de prendre le temps de bien digérer tout cela.

Les chouettes de la Saintéxpress au départ

Les chouettes de la Saintéxpress au départ

La grande remontée

Au 17ème kilomètre, je rattrape Chris dans une longue montée sur le goudron avec un petit encouragement au passage. Puis pris d’un remord, je me retourne quelques secondes après pour lui demander si tout va bien tout de même. Il confirme qu’il est bien et sur un bon rythme, une bonne nouvelle! Cela me permet de m’évaluer un peu car si le ressenti n’est pas mauvais, notre entrainement commun quelques semaines plus tôt me permet d’avoir une idée de comparaison. La montée étant longue, je décide de couper pour une petite pause pour soulager une envie qui commençait à se faire sentir et qui pourrait me gêner plus tard. Du coup, Chris me redouble sans me voir, je m’alimente de nouveau et je le rejoins sur le haut de la montée. Je vais courir à côté de lui quelques centaines de mètres sans qu’il s’en rende compte. Je continue ensuite ma remontée en veillant à ne pas me mettre dans le rouge et en ne commettant pas d’erreurs sur le plan de l’alimentation et de l’hydratation. Je commence aussi à faire quelques calculs de temps et on est sous la barre des 5h si on continue à ce rythme… mais nous n’en sommes pas encore à la moitié. Ayant rattrapé Chris, je me dis que Bobby pourrait être le prochain à rattraper et pas loin du 21ème kilomètre, je crois que c’est lui. Il est grand comme lui, il a la même foulée, mais il n’a pas l’air d’avoir les gants fluo qui lui ont valu des moqueries au départ et je n’arrive pas à reconnaitre son visage malgré le fait que l’on court côte à côte depuis 1 kilomètre. Et pourtant, je comprendrais en voyant les temps de passage que c’était bien lui ! On a couru plus d’un kilomètre côte à côte sans se reconnaitre… bonjour la lucidité !

Le 2ème ravito arrive juste à temps, j’ai vidé ma première flasque et je profite pour la faire remplir de Gatorade. Je me jette sur les chips, du fromage et une tartine de compote sur du pain d’épice car j’ai vraiment peur des crampes et de la fringale. A la sortie du ravito, un écran affiche des temps de passage et sans me voir, je vois qu’il affiche la 600ème place environ. C’est une bonne nouvelle et confirme le fait que j’ai passé mon temps à dépasser des runners sur ces 10 derniers kilomètres.

La 3ème partie devient compliquée pour certains coureurs alors qu’elle est bien roulante. Je continue de rattraper du monde mais je me freine pour ne pas me griller car je sais que les 10 derniers kilomètres sont les plus difficiles. Là encore, l’expérience du marathon et de précédentes courses me fait lever le pied même si l’envie est bien là. La fatigue ne se fait pas sentir, le corps a l’air de suivre sans trop subir malgré quelques douleurs au genou ou au pied qui me tiennent un peu compagnie. Je suis passé à la mi-course en 2h30, je suis donc dans le meilleur timing que je pouvais espérer et ça motive ! Le troisième ravito arrive et j’ai vidé ma deuxième flasque, je suis pile dans le timing mais cette fois je ne vais pas avoir d’autres choix que de la remplir d’eau. Heureusement, il me reste la flasque de Gatorade du ravito précédent pour terminer avec une boisson énergisante ce qui me rassure en cas de coup dur.

Le meilleur pour la fin

Je calcule qu’il me reste 1h15 de course et je décide de ne pas repartir en courant. Tout en marchant, j’enlève mon sac à dos, je prends mon téléphone, enlève les gants et envoies un SMS à ma femme pour lui dire que tout va bien. J’ai senti mon téléphone sonner lorsqu’elle était en plein biberon à la maison  vers 2h et je lui avais dit que si je n’envoyais rien, c’est que j’étais en forme. Tellement en forme que je vais donc prendre le temps de perdre 3-4 minutes pour la rassurer et m’alimenter correctement en marchant dans une descente. Je reprends alors la course et j’essaies de ne pas penser aux kilomètres restants…11… 10… 9 …. 8 je regarde ma montre en me disant qu’il en reste 8, et non, il en reste 9, le temps ne passe plus si vite que ça finalement ! Je continue de me fixer des objectifs à doubler et je compte… là j’ai 24 coureurs en visuel, et hop, quelques minutes plus tard ils sont derrière et je vois à nouveau une trentaine, que je double quelques minutes plus loin… c’est entrainant et motivant même si les muscles des jambes commencent à bien tirer ! Je me souviens alors du roadbook distribué au départ qui annonce un final compliqué ! Effectivement les 5 derniers kilomètres sont pentus, très pentus mais je continue ma stratégie d’économie de peur de trop forcer et m’arrêter à cause de crampes. Je suis bien plus frais que tous les concurrents que je double, avec qui je prends parfois le temps de discuter pour parler « dénivelé » ou encore « kilomètres restants ».

Finalement, la descente sur Lyon arrive plus tôt que prévue et après une dernière descente de 200 marches d’escaliers que je vais avaler 2 par 2 (merci le LUT by Night pour l’entrainement technique), on se retrouve au niveau de la Saône avec Confluence en ligne de mire. C’est à partir de ce moment que je vais commencer à accélérer la cadence, allant chercher encore quelques places. Je suis lucide, en forme et je décide même d’enlever la fontale et le tour de cou pour faire de belles photos! Une fois sur la passerelle de Confluence, les photographes s’enchainent et ma cadence s’intensifie… j’ai encore du jus, beaucoup et je peux enfin me libérer sans crainte qu’une dernière montée vienne briser mes espoirs. Je vais avaler le dernier kilomètres à pratiquement 14km/h et la ligne d’arrivée est franchie avec un énorme plaisir, un sentiment d’objectif accompli alors que je ne donnais pas chère de ma peau… j’étais pourtant très fatigué, mais en ayant bien géré les autres paramètres, sans faire d’erreurs, c’est passé et j’ai bouclé les 44km en 4h53 !

A l’arrivée, je ne vois que David alors que j’ai passé mon temps à chercher Bobby. Je comprends alors que j’ai fait un temps très correct avec la 320ème place et qu’il y a énormément de monde derrière ! On va donc prendre le temps de regarder nos chronos, d’aller prendre une douche, passer chez les osthéos pour ensuite tous se retrouver pour un petit repas à échanger sur la course, les 3 autres chouettes arrivant un peu plus de 30 minutes plus tard.

Point final de l'année

Point final de l’année

Bilan de la course

Si je devais faire un bilan de tout cela, ce serait que la préparation est importante mais pas si essentielle que je l’imaginais. Faire de grosses courses en groupe, c’est un gros plus : on partage, on echange, on s’aide mais surtout on se marre bien : depuis 17h jusqu’à 8h le lendemain matin, je crois que l’on aura passé notre temps à plaisanter ! Pour terminer sur une note sportive, cette course renforce mon idée de courir avec un cardiofréquencemètre pour trouver une allure permettant de rallier l’arrivée sans trop de problèmes. Je regarde le temps passé par le 1er tier d’une course qui me donne ma position finale approximative, je regarde ensuite le temps de course et je sais alors qu’en fonction du temps de course, je vais varier ma fréquence cardiaque moyenne. 160 pour 4h, là j’étais parti sur 155 pour 5 heures et 150 pour 6 heures et c’est certainement là la clé de la réussite de cette épreuve ! Je n’ai même pas eu besoin de puiser dans le mental pour terminer, et j’ai terminé moins fatigué que certaines courses sur 10 ou 15 kilomètres.

Si je trouve d’autres chouettes d’ici le mois de mai, c’est la mythique SaintéLyon et ses 72km qui devraient devenir l’objectif 2016, les jambes m’en fourmillent déjà d’impatience car ces 44km ont été parmi les plus beaux que j’ai eu la chance de courir !

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