Sainté’lyon
Quelques semaines après cet événement auquel ont pris part près d’une dizaine de membres du CRU, voici un petit retour sur la doyenne des courses de trail running de France.
Ainsi, sur la Saintexpress (44 km), on pouvait trouver Bobby, Guillaume, David, Geoffray et moi.
Sur la distance reine (72 km), c’est Olivier, Raph, Camille et Magnien qui se sont engagés dans cette aventure, Neness ayant lui dû se résoudre à déclarer forfait à la suite d’une mauvaise blessure.
La Sainté’lyon, c’est un objectif majeur dans une saison. Tout d’abord, on en parle avant l’été pour se motiver à s’inscrire. Ensuite, on rentre tout doucement dans la préparation qui va prendre forme au fur et à mesure des semaines de l’automne.
On allonge les sorties, on se met à courir la nuit pour s’habituer à cette ambiance si particulière de cette classique nocturne, on échange également entre nous sur le matériel à emporter et nos objectifs.
Arrive enfin le jour J où on a vraiment hâte de prendre le départ et de se retrouver plongé dans ces milliers de lampes frontales qui vont s’étirer dans les sentiers des monts du Lyonnais.
Après être descendus à Lyon tous ensemble, nous voici devant l’entrée de la Halle Tony Garnier parée pour l’occasion aux couleurs de la Sainté’.
Là, on se rend compte qu’il va y avoir du monde sur la course car il nous faudra faire près d’une heure de queue pour récupérer les dossards.
Ensuite, on se trouve un coin dans les tribunes pour commencer à se préparer, manger et attendre la noria de bus qui doivent nous emmener jusqu’au départ.
On en profite également pour se faire quelques photos qui seront autant de souvenirs de ces moments partagés avec les amis.
Ca y est, on est enfin dans le sas de départ et après les derniers encouragements entre nous et un très bel hommage en souvenir des événements tragiques de ces dernières semaines, le départ est donné et c’est un peu plus de 3000 coureurs qui s’élancent dans la nuit.
On est vite dans l’ambiance car après quelques centaines de mètres à travers les rues du village, on quitte rapidement la lumière et le bitume pour attaquer par une belle montée dans les chemins.
Après quelques kilomètres où l’on se croise avec les copains, chacun va prendre son rythme et partir pour cette nuit blanche.
C’est tout d’abord Bobby qui comme à son habitude part sur un bon rythme puis David qui se sent bien et décide d’accélérer pour écouter ses bonnes sensations.
Guillaume part également devant moi dans la nuit, pas très loin puisque l’on se recroisera un peu plus tard.
Geoffray qui est en manque de repères sur sa forme à cause des toutes petites nuits passées depuis une naissance récente a décidé de partir lentement sur la première partie du parcours et se maintient juste derrière moi.
Pour ma part, je prends mon rythme en écoutant mes sensations sans me laisser « aspirer » par la foule du départ qui parfois peut nous amener à partir trop vite.
Le temps est beau cette année et la nuit claire nous permet de profiter d’un magnifique ciel étoilé qui vient agrémenter la course.
Le spectacle est aussi tout autour de nous avec ce ruban de frontales qui s’étire dans la nuit, enlaçant les courbes des collines et serpentant au gré des virages.
C’est magnifique et je suis vraiment heureux d’être là pour cette troisième participation à la Saintélyon, mais la première en solo sur cette distance.
Au bout d’une heure de course, je passe au sommet du Signal, point culminant de la course avec un peu plus de 900 mètres d’altitude.
9 km de faits, 600 mètres de D+ avalés, tout va bien. C’est aussi le moment où j’ai une pensée pour les copains du CRU qui eux, s’élancent de Saint Etienne pour le parcours long et qui j’espère, passeront ici sans encombre, dans quelques heures.
Allez les gars, on vous ouvre la route!!…
Toujours dans la nuit, au bout de 13km en un peu plus de 1h30, je dépasse le premier ravitaillement sans m’y arrêter. J’avais décidé de partir avec suffisamment d’eau pour aller jusqu’au second ravito et les jambes sont bonnes donc je poursuis.
Cette deuxième portion du parcours est assez cassante. On enchaine les montées et les descentes qui, s’en être très importantes en dénivelé, se répètent avec parfois quelques passages plus boueux ou plus glissants en forêt notamment.
Sur le parcours, on reçoit des encouragements de personnes postées dans la nuit, aux détours des chemins et qui attendent un proche, un ami. Je dépasse même un orchestre qui joue dès que quelqu’un arrive à sa hauteur. Ca donne un côté irréel à cette course mais ça peut permettre de rebooster le moral en cas de besoin.
Après un peu plus de 2h45 de course, j’arrive au second ravitaillement à Soucieu en Jarest. Je viens de dépasser la moitié de la course. Quelques kilomètres avant, Geoffray m’a dépassé. Il se sent bien et à décidé d’appuyer un peu sur les jambes.
Au ravito, je fais le plein d’eau, je mange un peu. Physiquement tout va bien. C’est à ce moment là qu’un type assis à côté de moi commence à discuter. Il ne se sent pas très bien et prend un peu de temps pour se reposer. Au moment où je repars, il me fait la remarque que je suis sur un temps de 05h30 pour terminer et m’encourage à poursuivre.
05h30!!! Quand on discutait avec les copains du CRU, je parlai plus raisonnablement de 06h00 même si secrètement je me disais que 05h30 serait vraiment une très belle perf pour moi.
Serait-ce possible?
En repartant dans la nuit, j’écarte cette idée pour le moment car le chemin est encore long et je ne me fixe comme objectif que d’arriver dans les meilleures conditions possibles au prochain ravitaillement.
La nuit devient plus froide maintenant et je me recouvre un peu. Tout autour, l’herbe est blanche et les prés scintillent d’un léger gel.
Je vais un peu moins vite maintenant mais je poursuis à une belle allure. Je sais aussi que je vais rentrer dans une phase inconnue car je n’ai jamais couru plus de 30 km dans ces conditions.
Pour éviter tous soucis, je bois et je mange de façon régulière et finalement j’atteins le troisième et dernier ravito avec de bonnes sensations.
Petit coup d’oeil à la montre. Je suis toujours dans les temps pour 05h30. je sais aussi que cette dernière portion n’est pas la plus facile. Il y a pas mal de montées qui s’enchaînent dont une avec une pente de près de 20% à l’entrée de Ste Foy les Lyon.
Je repars en me disant que je ferai le point en haut de cette montée. Je décide aussi de me remettre à courir à chaque fois que la pente s’adoucit un peu.
Petit à petit, le paysage devient plus urbain et on sent que l’on se rapproche de l’arrivée. On n’y est pas pour autant. Il reste encore quelques difficultés qui finissent par peser comme en démontrent les coureurs que je double, perclus de crampes, malades ou avec les jambes tétanisées qui ont même du mal à marcher et qui doivent s’accrocher pour tenter de rallier l’arrivée.
Je passe le panneau Arrivée 5km et je suis toujours dans les temps. Je commence à y croire ou du moins, je sais déjà que je serai en moins de 06h00.
Je suis assez bien physiquement et je sais maintenant que je vais arriver au bout sans pépins.
2 km de l’arrivée. Un coup d’oeil à la montre. Il me reste 14 minutes pour arriver. C’est exactement mon allure et je sais maintenant que je serai très proche de 05h30.
Juste avant d’arriver, il y a une dernière difficulté… 200 marches à descendre pour rejoindre les bords de Saône.
Ca tire un peu sur les jambes quand même!!! Mais en débarquant sur les quais, je décide d’accélérer pour tenter d’être au plus proche de ce rêve désormais possible.
Je passe ainsi à bonne allure devant le musée des confluences, je traverse la passerelle qui enjambe le Rhône et j’aperçois, au bout de la rue, la Halle Tony Garnier.
J’y suis presque et je rentre dans la halle en discutant avec un autre gars tout content lui aussi d’en terminer.
Je franchis la ligne heureux et ma joie va être encore plus belle quand je regarde ma montre : 05h 29mn et 18s!!!
Je suis super heureux d’avoir fait cette course et c’est avec une certaine fierté que je vais retirer mon maillot de finisher avant de rejoindre les copains.
Si Guillaume et Bobby ont fini juste quelques minutes devant moi, avec une grande partie de la course au moral pour Bobby qui a été malade dès le premier ravito, David a lui, réalisé une très belle course en terminant en 04h25. Geoffray a réussi à maintenir son allure de métronome tout au long de la course et finit juste sous la barre des 05h00.
De retour au petit matin à La Chapelle, place maintenant au repos et à la récupération en commençant par les croissants que je ramène à la maison avant d’aller dormir.
Avant de m’endormir, une dernière pensée pour le CRU car nos sorties régulières et la motivation que l’on peut trouver dans notre club m’ont vraiment aidé à progresser et à réussir ce pari.
A très bientôt sur les sentiers…